Blub, L'arte sa nuotare

Blub est un artiste de rue florentin à l’origine du projet artistique «L’arte sa nuotare » (« L’art sait nager ») présent dans plusieurs villes italiennes telles que Florence, Ravenne, Bologne, Venise ou encore Livourne.

L’artiste présente un concept original : il détourne des portraits de personnes célèbres du monde de l’art ou de l’histoire, comme Vivaldi ou La Joconde en les représentant sur les murs des bâtiments des villes avec un masque de plongée et parfois même un tuba. L’artiste peint lui-même les portraits dans son atelier puis les scanne et les dispose sur les murs des villes grâce à une colle végétale, dans une volonté de minimiser l’empreinte carbone de son art.

L’art de Blub tourne autour du milieu aquatique. Le nom choisi par l’artiste rappelle d’ailleurs le son onomatopéique des bulles dans l’eau, tout comme la couleur de ses œuvres aux tons bleus et la présence du masque de plongée rappellent le milieu marin.

Marylin Monroe par Blub à Florence

Cet art n’est pas envahissant car il se résume à des portraits sur des posters de taille moyenne, collés sur des façades abîmées, en faisant attention à ne « déranger personne » selon les mots de l’artiste. Sa manière de faire passer un message aux spectateurs n’est pas pesante ou violente. En effet, l’artiste a réussi à dédramatiser des portraits de personnages sérieux comme Shakespeare en les représentant sous l’eau avec des accessoires de plongée.

L’artiste tire son inspiration d’un aléa climatique, la montée des eaux. L’origine de son concept se trouve dans l’inondation de la ville de Florence en 1966 à cause de la montée des eaux du fleuve Arno. Les maisons sont alors inondées, mais nombre d’œuvres d’art ont été sauvées de cette inondation. Les tableaux sauvés sont appelés les « anges de la boue ». De là naît le symbole d’un art qui sait nager, qui ne se noie pas. Blub a collé sa première œuvre sur les murs de Florence le lendemain de l’anniversaire de l’inondation de 1966.

Ici, le masque de plongée semble inviter le spectateur à regarder le monde et ses aléas d’un autre point de vue. Les œuvres de Blub ont en effet pour but de montrer au spectateur que pour faire face aux différentes crises des dernières années, qu’elles soient sociales, économiques, ou environnementales, il peut être bon de changer de focale en mettant un filtre à notre propre vision du monde, au lieu d’abandonner. L’artiste montre le pouvoir de résistance et de résilience de l’art.

Freddie Mercury par Blub à Florence

Un art qui ne se noie pas montre que le monde, et les territoires peuvent résister et faire face notamment au changement climatique. Les œuvres de Blub contrastent avec une certaine fatalité lorsqu’il est question du dérèglement climatique et de catastrophes naturelles.

L’identité de l’artiste reste secrète car il préfère rester dans l’ombre. Cependant, son passage dans certaines villes italiennes a été largement remarqué grâce à ses œuvres. L’artiste florentin a créé sa propre page Instagram sur laquelle sont présentés ses portraits dans différentes villes. Ses œuvres sont très appréciées des passants qui les remarquent. Pour beaucoup, l’engouement autour de ces portraits est dû au fait qu’ils soient accessibles et ludiques, et non présentés sur un piédestal dans un musée. Les publics de tous âges peuvent ainsi y trouver leur propre interprétation. Le côté humoristique de cet art qui ne se noie pas laisse bien souvent aux passants un message d’espoir.

Clémence Pille