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Miazaki et l’environnement : équilibres naturels et enfance




Hayao Miazaki est un réalisateur japonais de films d'animations, qui s'est, tout au long de ses films, penché sur la question de l'équilibre entre le monde humain et le monde sauvage. Ses films abordent les thèmes de la nature, de ses dangers et de ses beautés, mais aussi de la catastrophe, du deuil. Ces thèmes s'expliquent notamment par le fait que Miazaki est né dans un Japon en guerre, et souvent vulnérable aux catastrophes naturelles comme les tsunamis ou les séismes.

Le choix de support pour l'animation est très intéressant car il se porte sur le dessin en deux dimensions, sur papier, toujours aujourd'hui alors que la grande majorité des grands studios d'animation sont passés à l'animation 3D. On peut observer sur un certain nombre de ses œuvres une attention particulière à la texture de l'image, où l'on peut presque deviner le grain du papier, notamment dans Ponyo sur la falaise. C'est un choix qui permet de maintenir un certain degré d'imaginaire, en évitant de paraître trop réaliste.

Les œuvres les plus notables de Miazaki évoquent donc ces thèmes du risque, de la vulnérabilité et du rapport à l'environnement. Ainsi, dans Mon voisin Totoro, Miazaki évoque l'éveil à la nature à travers la rencontre entre des enfants et des créatures surnaturelles, esprits de la forêt, dans Princesse Mononoké, l'on retrouve les thèmes de l'affrontement entre le monde humain et le monde sauvage sous la forme d'une guerre. Enfin, dans Ponyo sur la falaise, on retrouve les thèmes de submersion marine et de déséquilibre des éléments. Ces œuvres s'inquiètent toujours de la place que l'humain a dans le monde, notamment dans son rapport aux éléments naturels.

On retrouve également dans les œuvres du réalisateur japonais un rapport tout particulier à la technologie, mais aussi à son utilisation par les humains. Les objets volants ont une place centrale dans toute son œuvre, l'exemple le plus parlant étant le film Porco Rosso, qui se passe en grande partie dans les airs. Les avions sont omniprésents dans ce film, et sont tantôt présentés comme des machines de destruction tantôt comme des moyens de transport paisibles et de fidèles compagnons de voyage. Miazaki explore aussi la notion d'abus de ressources naturelles dans Princesse Mononoké avec l'exploitation de la forêt qui crée des guerres, et dans le Château dans le ciel où une puissance magique ancestrale est utilisée à des fins d'autodestruction.

Un souci climatique : l'exemple Ponyo sur la falaise


Image extraite du film Ponyo sur la falaise

Cette peur du dépassement de la frontière se retrouve dans le film Ponyo sur la falaise. Dans ce film où un poisson rouge se lie d'amitié avec un jeune garçon nommé Sosukê, puis se transforme progressivement en petite humaine se prénommant Ponyo, sa métamorphose perturbe les éléments, et notamment l'équilibre naturel entre les humains et la mer. Cela provoque donc un tsunami, qui engloutit la terre, et fait retourner les continents à l'âge du Dévonien. La mer représente donc un risque, mais un risque qui est en mesure d'être contrôlé, car la déesse des mers, Gran Mamare, affirme qu'une vieille légende dit que si Sosukê promet fidélité à Ponyo, la terre sera sauvée, et les océans reprendront leur forme habituelle.

On observe ici que les éléments saillants de vulnérabilité présentés sont les déséquilibres entre la nature et l'humain, et notamment le conflit, que l'on retrouve dans la Princesse Mononoké. Cependant les humains sont toujours dans la possibilité de trouver une voie de rédemption. Dans Ponyo sur la falaise, c'est justement à travers la parole des enfants (la promesse de Sosukê), et donc la confiance en les générations futures que la société retrouve une certaine sagesse.

Hiram Bouteillet

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