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Covid-19 : la crise d'un modèle économique ?

  • Etudiant
  • 21 avr. 2020
  • 4 min de lecture

La crise sanitaire et humanitaire mondiale du Covid-19 se révèle être également la plus grave crise économique depuis la Seconde Guerre mondiale. En effet, la pandémie, persistant sans ne pouvoir encore envisager son éradication, continue d'étrangler l'économie mondiale.


Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances, a annoncé le mardi 14 avril que le pays doit s'attendre à un recul d'environ 8% du PIB en 2020. Tandis que le FMI prévoit cette même année une chute de 7,5% du PIB européen.

  • D'abord une crise d'Offre et de Demande


La crise économique s'explique d'abord par un problème d'offre et de demande. En effet, les entreprises, devant répondre aux exigences de confinement et devant l'impossibilité de garantir la sécurité sanitaire de leurs employés, ferment ou ne font travailler qu'un nombre réduit de salariés. La demande, quant à elle, se voit comprimée par le manque de disponibilité des biens habituellement consommés et par l'interdiction de se déplacer. En conséquence, l'activité économique est drastiquement réduite à son plus stricte minimum.



  • Une crise sanitaire qui fait resurgir les égoïsmes nationaux


La crise sanitaire s'est très vite suivie d'une crise d'approvisionnement. C'est en particulier le cas pour les masques de protection. La Chine a été la première à réclamer le soutien de ses partenaires, mais c'est surtout l'Europe qui a souffert du manque d'approvisionnement chinois.


La Chine représentait plus de la moitié de la production journalière de masques avant l'épidémie avec une production de 20 millions de masques par jour. Depuis le début de l'épidémie, la production journalière est désormais de 120 millions de masques.
En comparaison, la France ne produit que moins d'un million de masques par jour.

Cette dépendance envers le producteur chinois a pour conséquence d'entraîner une véritable course à l'approvisionnement entre des pays pourtant partenaires. La France réquisitionne des cargaisons de masques destinés à l'Italie, qui elle-même réquisitionne ceux pour l'Espagne ; l'Allemagne ne manque également pas de participer. C'est la règle du chacun pour soi. Cette « guerre des masques » (ainsi nommée par le ministre de l'Intérieur C. Castaner) exacerbe les égoïsmes nationaux causés par la dépendance mondialisée. Alors que la crise de 2008 avait fait naître une unité de combat européenne, aujourd'hui aucune stratégie unifiée n'est parvenue à se développer.



Par ailleurs, la rivalité sino-américaine entre qui parviendra le mieux à gérer la crise économique met à mal la santé de leur population ainsi que la santé mondiale. En effet, pris dans un système de compétition généralisé, les deux pays ne peuvent se permettre, par orgueil, de laisser l'autre prendre la place de leader mondial des marchés. De fait, les Etats-Unis ne manquent pas d'accuser la Chine d'être volontairement à l'origine de l'épidémie (théorie désignant un laboratoire pharmaceutique comme étant responsable de l'épidémie), et d'avoir dissimulé sa gravité. De plus, Donald Trump a récemment appelé la population à la rébellion contre le confinement. Le Président a ainsi ouvertement manifesté son déni pour la crise sanitaire, jugeant bien plus urgeant de maintenir l'économie nationale. En outre, ce sont sûrement aussi les exigences économiques qui ont poussé la Chine à prendre trop rapidement le chemin du déconfinement et à ainsi subir une nouvelle vague de morts.




  • La crise d'un modèle ?


La crise a ainsi démontré une autre face des limites de notre système économique mondialisé. C'est pourquoi il semble nécessaire de questionner notre modèle ainsi que de le repenser au travers d'une vision des risques sur le long terme et à une échelle globale. Dans une interview à L'Obs (publié le 15 mars 2020), l'économiste Thomas Piketty affirme d'ailleurs que « la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 doit nous amener à définir de nouveaux critères de décision en matière de gouvernance économique mondiale »


Par ailleurs, Arthur Keller spécialisé dans le domaine des vulnérabilités des sociétés humaines et des stratégies de transition écologique et de résilience, considère que la crise du Covid-19 est avant tout une crise de notre modèle de civilisation plutôt qu'une crise sanitaire. Ainsi, il met en cause l'absurdité notre modèle de société tournant autour de la maximisation des profits et de l'exigence de rentabilité. Selon lui, la crise a révélé « un déficit de résilience à long terme » causé par l'optimisation économique à court terme. Tout ce qui est déficitaire et insuffisamment profitable (services publics, santé, éducation) est menacé par la rationalisation économique. Une rationalisation que les institutions directement touchées critiquent. La conséquence directe est que les hôpitaux ont très vite été en surmenage, souffrant de manque d'équipements et exténués par le rythme.


Pour autant, pendant que l'égoïsme généralisé entre les puissances nationales poussées par l'exigence de maintenir une accumulation des richesses, les populations à l'échelle locale renouent avec la solidarité. L'entraide, les applaudissements pour le personnel hospitalier ou encore l'accroissement de la consommation locale, démontrent une population qui s'organise et lutte ensemble contre la crise. De plus, les récents moyens mis en place par l'Etat (indemnisation chômage, hausse des dépenses de santé, soutiens aux entreprises et indépendant...) démontrent toute l'importance des mesures de redistribution pour le bien-être des populations. Pourtant remises en cause et combattu depuis les années 80 et l'entrée dans un système économique et financier mondialisé.


Killian SÉNÉCHAULT




2件のコメント


Killian Senechault
Killian Senechault
2020年4月28日

Il est vrai que l'on observe, depuis le début de la crise, un retour de la consommation locale. Les maraîchers mettent en place des « drives » et livrent directement chez les habitants, les fruits et légumes de France sont privilégiés même dans les supermarchés... Autant de signes tout à fait satisfaisants et qui laissent entendre, peut-être et je l'espère, une continuité de ces pratiques dans le temps. Pour autant, entre mes espérances d'un regain de solidarité et d'une intensification du locavorisme, et ce qu'il adviendra réellement dans les prochaines périodes, je suis assez peu optimiste. Par ailleurs, je ne pense pas que cette crise va fondamentalement changer notre système économique, ni même le changer du tout. A chaque crise…

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Raphaëlle Pape
Raphaëlle Pape
2020年4月24日

Merci Killian pour cet article très éclairant. Comme tu l’as évoquée, la crise actuelle remet en cause directement notre modèle économique recherchant à tout prix la maximisation des profits. Est-ce que justement la crise du Covid 19 représente une occasion unique d’opter pour des mesures qui étaient jusqu’alors inenvisageables ( relocalisation, décroissance, hausse des solidarités) ? Alors que des grands groupes industriels font déjà pression pour affaiblir les normes environnementales et repartir de plus belle...

Certains économistes pensent au contraire que la crise va seulement inviter à une meilleure répartition des risques via le « précautionnisme ». Quels scénarios/ modèles post crise Covid 19 plausibles envisages-tu ?

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