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Des chèvres pour limiter les feux de forêts

Dernière mise à jour : 17 avr. 2020

  1. Le Portugal un territoire vulnérable aux feux de forêts

Depuis les années 1970 au Portugal, les grands feux de forêt sont devenus communs. Mais depuis les années 1990, ce sont les méga-feux qui sont devenus routiniers l’été et leur nombre n’a fait qu’augmenter. Ils sont très difficilement maîtrisés malgré les nombreux moyens déployés. C’est en moyenne 100 000 hectares qui sont détruits par les flammes chaque année et c'est aussi des dizaines voire des centaines de victimes humaines.


Flora FERREIRA-LEITE, Luciano Lourenço et António Bento-Gonçalves, « Large forest fires in mainland Portugal, brief characterization », Méditerranée, 121 | 2013, 53-65.

Les causes :

  • le grand nombre de forêts : le Portugal est un pays très boisé où prédominent deux essence d’arbres très inflammables que sont l’eucalyptus et le pin maritime dont les aiguilles sèches au sol sont un vecteur de propagation des flammes.

  • l'évolution du climat : les vagues de chaleur et les sécheresses sont encore plus fréquentes avec le changement climatique. La saison des incendies s’est allongée de juin à octobre au lieu de précédemment juillet à septembre.

  • les dynamiques sociales : l'exode rural a fait que de nombreuses terres sont devenues des friches facilement inflammables et proches des forêts, il y a moins de terres nues pouvant jouer un rôle de barrière naturelle à l’étalement des incendies.


Tous les ans les pompiers sont fortement mobilisés pour lutter contre les feux de forêt mais le pays manque de pompiers. Les habitants se mobilisent souvent eux mêmes pour essayer de protéger leurs habitations et terres. De nombreux investissements dans des canadaires et hélicoptères ont été faits. Cela démontre que c’est surtout une logique de lutte contre les flammes qui est appliquée et non une logique préventive. Il y a eu des essais d’amélioration de gestion des forêts en incitant la plantation d’essences moins inflammables, mais l’importance de l’industrie du papier fait qu’il est difficile de limiter les plantations d’eucalyptus sources de matière première.

Le risque de feux de forêts est omniprésent au Portugal.

2. Des chèvres contre les incendies comme solution préventive



  • Description du projet :


Le Portugal a mis en place à titre expérimental une action de prévention des feux de forêt et de maquis depuis 2018 qui doit dans un premier temps durer 5 ans. Il s'agit de faire paître des chèvres dans les friches et forêts pour les nettoyer. En se nourrissant de bruyères, genêts, arbousiers et autres arbustes, les chèvres défrichent les lieux même les plus escarpés, ainsi la densité de végétation est plus faible et les feux de forêts ont plus de difficulté à se propager.


  • Mise en oeuvre et parties prenantes :


Le projet a été lancé et par l’Institut gouvernemental forestier et de Conservation de la Nature avec un budget de quelques milliers d’euros. Ce sont une quarantaine de chevriers qui ont été recrutés et plus de 10 00 chèvres la première année. Les chevriers recrutés étaient ceux déjà sur place ou alors de nouveaux qui se sont portés volontaires pour faire paître leurs chèvres aux endroits désirés. En contrepartie, l’Institut gouvernemental qui gère le projet leur verse une rémunération par hectare défriché permettant de faire subsister leur activité en grande difficulté. L’Institut se charge aussi de définir les zones particulièrement vulnérables au feu où les chevriers doivent faire paître leurs animaux. C’est un projet qui s'étale sur un temps long pour que des résultats probants soient visibles dans la durée.

Cette solution qui s’avère peu coûteuse et naturelle fait renaître l'activité historique pastorale des territoires ruraux du Portugal. 

  • Limites observées :


Le projet connaît déjà quelques limites qui peuvent être plus ou moins facilement surmontables :

- difficulté à engager des chevriers,

- rémunération des chevriers trop faible,

- zonages pas adaptés pour que les chèvres aient une nourriture assez riche.



Cette solution préventive ne doit évidemment pas être la seule mise en place. Dans le cas du Portugal, repenser la gestion forestière doit être une priorité pour que dans le futur les feux ne gagnent encore plus d'ampleur qu'aujourd'hui avec l'omniprésence des mêmes essences.


Élise BOUHÉLIER



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