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Feux en Australie : la solution des nouvelles technologies ou le retour aux savoirs ancestraux

Dernière mise à jour : 20 avr. 2020

Les incendies au cœur du cycle de la vie naturelle

De fin août 2019 à fin janvier 2020 de nombreux incendies ont ravagés l’Australie. Ce phénomène naturel qualifié dans ce cas de méga-feux a provoqué la disparition en fumée de plus de 10 millions d’hectares de forêt. Ces incendies ont particulièrement touchés les États de Nouvelles Galle du Sud et l’Etat de Victoria, soit les États les plus peuplés du pays. Ils ont ainsi entraîné la mort de 28 personnes et la perte d’un milliard d’animaux.

Pour rappel les feux de forêt sont des événements normaux. Ils participent au cycle de la vie naturelle des arbres en leur permettant de se régénérer. Il s’agit de phénomènes sains, normaux et organiques. Les incendies ont toujours existé et font partie de l’histoire de l’Australie.


Plusieurs conditions favorisent le déclenchement d’un incendie:

- Vent : accélère le dessèchement

- Chaleur : déshydratation des plantes et donc dessèchement


Les incendies : alimentés par le réchauffement climatique

Les incendies sont donc des phénomènes récurrents en Australie, le feu frappe chaque année. Néanmoins la spécificité de celui de 2019-2020 est qu’il a démarré beaucoup plus tôt. Depuis plusieurs années on remarque ainsi que les feux sont de plus en plus précoces. Ils sont le fruit de conjonction de phénomènes atmosphériques toujours plus intenses dus au réchauffement climatique. En effet en 2019, l’Australie a connu son année la plus chaude jamais enregistrée au niveau des températures, mais aussi son année la plus sèche avec 40% de pluie en moins que les autres années. Les feux bien qu’étant des événements naturels et réguliers sont devenus plus intenses et plus importants jusqu’à en devenir incontrôlables.

Les conséquences de ce type d’incendie sont difficilement évaluables particulièrement pour la biodiversité. Son étendue a empêché les animaux de s’enfuir et son intensité qui a détruit les arbres jusqu’au houppier (sommet des arbres) ne leur a pas laissé la chance de survivre. Il est possible que certaines espèces animales soient perdues à jamais et il faudra de nombreuses années avant que la vie ne reprenne dans ces espaces. Dans tous les cas, aux vues de l’intensité de l’événement il est impossible que la faune et la flore puissent revenir à leur niveau antérieur.

Entre abandon des espaces ruraux et climato-scepticisme

En Australie plusieurs facteurs de vulnérabilité sont notables. Dans un premier temps, on peut mettre en avant une mauvaise gestion des espaces ruraux et forestiers. L’urbanisation qui n’est parfois pas contrôlée accroît la multiplication des points de départ d’incendie potentiels. La dispersion de l’habitat dans le milieu forestier entraîne un plus fort nombre de personnes mis en danger par un incendie, il faut non seulement les protéger mais aussi leurs habitations. S’ajoute à cela une négligence de l’entretien des espaces forestiers, notamment aux abords des routes (pourtant soumis au risque des jets de mégots). Ensuite le système de prévention n’est pas suffisant, certains regrettent que les ressources soient concentrées sur les moyens de combattre les incendies plutôt que sur la prévision.

Enfin le gouvernement australien est fortement climato-sceptique, de même que la population. Ainsi en 2015, 17% des australiens ne croyaient pas au changement climatique. Les feux ne sont pour certains pas le fruit d’un dérèglement climatique mais bien liés à un mauvais entretien des espaces forestiers afin de respecter les nouvelles règles environnementales pour protéger la biodiversité. Des campagnes de désinformations sont mises en place par plusieurs lobbys pour mettre en avant que les feux ne sont liés aucunement au réchauffement climatique.


Le choix du nouveau ou de l’ancien

Pour faire face à l’augmentation des phénomènes de feu de forêt plusieurs solutions émergent. Si certains prônent le recours à la technologie, d’autre souhaitent un retour aux méthodes oubliées des aborigènes. La solution des nouvelles technologies consiste à utiliser les Big Data et à les analyser pour prévoir au mieux la formation des incendies et leur évolution. L’utilisation de caméra de détection des ultraviolets est aussi envisagée afin de prévenir la formation des feux et d’anticiper leur apparition. Enfin l’application Signalert a vu le jour pour permettre à tous citoyens de signaler les départs de feux. Elle permet de cartographier les sinistres et d’alerter les populations des dangers en temps réel.


En opposition s’offre la solution du savoir des aborigènes. Ils ont en effet une connaissance des écosystèmes locaux importante qui leur permet de mieux appréhender ces feux. Ils ont appris à calmer et à gérer les incendies, néanmoins leur savoir a été mis de côté au profit du progrès. Ils utilisent notamment la technique du brûlage dirigé qui

consiste à éclaircir les sous-bois et éliminer les branches et feuilles mortes, tout en prenant en compte les espèces animales. Ces feux sont effectués durant les saisons tièdes dans des conditions favorables de température et de ventosité. Bien qu’il s’agisse d’une technique utilisée par les pompiers, elle n’est pas toujours bien réalisée.


Le savoir acquis par les indigènes sur l’environnement est précieux. Ils ont un rôle a joué dans la gestion des terres. Il faut pour cela favoriser le partage de connaissance entre peuple aborigène et pompiers.


Pour faire face à l’intensité de ces nouveaux feux, il faut dans un premier temps permettre un échange de savoir entre toutes les parties prenantes, intégrant les peuples aborigènes, les décideurs et les pompiers. Tout cela dans l’objectif de prévoir des plans de prévention afin d’atténuer les incendies. Enfin il faut mobiliser les ressources technologiques pour permettre de lutter contre le feu au moment de son déclenchement. Il faut néanmoins conserver à l’esprit que le feu reste un élément naturel que la technologie ne peut contrôler et qu’il faut apprendre à vivre avec.

Amandine MORINIÈRE





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