top of page

Ile de La Réunion, la sécurité alimentaire face à la crise sanitaire.

Dernière mise à jour : 16 févr. 2021


Au-delà des conséquences sanitaires, le Covid-19 engendre de profondes réflexions sur nos modèles économiques et nos modes de consommation. À l’heure où beaucoup de pays dépendent d’importations, la question de l’autosuffisance alimentaire est d'autant plus vitale pour les territoires insulaires comme l'île de La Réunion. Pour rappel, on parle de sécurité alimentaire quand les populations ont accès à de la nourriture saine, nutritive et en quantité suffisante. Que se passerait-t-il pour la population locale si les pays exportateurs limitaient les approvisionnements ? Et comment faire face à une hausse des prix des denrées agricoles ?


La situation avant la Covid :


Durant la 2e guerre mondiale, l’île de La Réunion a été soumise au blocus. Il reste encore assez de personnes ayant connu dans leur enfance les affres du manque d’aliments

pour nous rappeler que l’île a déjà connu une pénurie alimentaire. Pourtant, peu de leçon ont été tirées de cette période puisque aujourd’hui seuls 14,9 % des produits achetés sont produits localement. Le reste, soit 85,1 %, découle de l’importation. Ces chiffres, déjà inquiétants pourraient être calculés de manière plus stricte si on prend en compte le fait que l’apport des engrais, des pesticides mais aussi, par exemple, des poussins d’élevage, proviennent de l’importation.



Avec les nécessaires fermetures de frontières impactant l’import-export et le ralentissement économique général, les chaînes d’approvisionnement alimentaire sont fortement perturbées. Les populations craignent une pénurie alimentaire comme en témoignent les phénomènes de panic buying.


Les fragilités de la demande alimentaire mises en exergue par la pandémie :


  • Le confinement a des effets négatifs sur la production agricole ce qui pourrait impacter les prix.

  • La perte ou la baisse de revenu entraîne une baisse de la consommation

  • Une importation ralentie engendre des risques pour les denrées périssables

  • Avec l’arrêt des importations il faut s'attendre à des pénuries dans les rayons.

Les territoires d’outre mer peuvent-ils conserver une telle situation de dépendance vis-à-vis de l'hexagone ? Aux débuts de l’épidémie, l’Etat manquait de masques au point qu’il était impossible d’en équiper les personnels soignants. Les personnels soignants de La Réunion n’ont reçu de nouveaux équipements que très tardivement. La population a été particulièrement choquée lorsque les autorités ont fait distribuer les premiers stocks. De fait, les masques distribués étaient inutilisables car pleins de moisissures.

Cet épisode met à mal la confiance de la population quant à la capacité de l’Etat français à répondre aux besoins des territoires d’outre mer en période de crise.

Or l’évolution du climat nous promet un déluge de crises similaires voire pire. Il est donc primordial de tirer le plus de leçons possible de cette crise sanitaire actuelle pour pouvoir affronter les enjeux de demain. Les opportunités pour demain. La crise sanitaire actuelle, qui continue d’avoir de lourds impacts sur les liaisons aériennes et maritimes, a poussé le gouvernement à prôner un retour à la relocalisation de l’économie et de la production agricole. Au vu de la situation insulaire de La Réunion, cette volonté de tendre davantage vers une autonomie alimentaire issue de l’agroécologie prend alors un sens encore plus prégnant. Lors de sa récente visite officielle sur l’île, le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a rappelé que le développement des circuits courts et la volonté de soutenir la production vivrière locale sont désormais considérés comme des priorités.

Ainsi nous pouvons imaginer que ces dynamiques en cours ne seront que renforcées maintenant que la population a déjà pu connaitre les rayons de supermarché vides. Les associations locales comme “Oasis Réunion” qui militent déjà depuis plusieurs années pour une autonomie alimentaire auront sûrement de plus en plus de soutien et donc de plus en plus de moyens pour mettre en place leurs campagnes de sensibilisation et leurs actions.

La sensibilisation sera sûrement le combat le plus important pour aller vers un changement de modèle agricole à la Réunion. De fait, il semble culturellement pour le moment impensable de penser un plat réunionnais sans riz. Or jamais le relief réunionnais ne permettra d'accueillir assez de rizières pour satisfaire une consommation similaire à celle d’aujourd’hui.

Il faudra peut-être revenir à la culture culinaire ancestrale de La Réunion en faisant pousser massivement, le fruit à pain, qui permet un apport nutritif de base important.

Ainsi le changement d’un mode de vie mieux adapté aux futurs risques liés au changement climatique ne pourra être possible sans des changements culturels. Corentin Giancone--Ramsamy




bottom of page