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« ITIKI » : L’application kényane qui prévient les épisodes de sécheresse en Afrique de l’Est

Dernière mise à jour : 20 avr. 2020



Des épisodes de sécheresse récurrents en Afrique de l’Est


Depuis plusieurs années le Kenya est en proie à de nombreux épisodes de sécheresse, et la situation ne va pas en s’améliorant. Entre 2016 et 2017, l’ONU tirait déjà la sonnette d’alarme suite à une longue période de sécheresse qui avait touché plus de 3 millions de personnes, et entraînée des famines notamment dans la région de Turkana au Nord du pays. Le manque de précipitations, aggravé par des terres arides, accentuent la difficulté des agriculteurs à travailler leurs terres et à en tirer des récoltes. Actuellement, le Kenya traverse une période de transition appelée la soudure. Cette dernière se caractérise par une diminution des stocks de nourriture accumulés au cours de l’année précédente, et une absence de précipitation. Ainsi, la sécheresse est une menace directe pour la sécurité alimentaire : 70 % de l’approvisionnement alimentaire du pays dépend de l’agriculture pluviale de petits agriculteurs.



La sécheresse et ses effets sont notamment accentués par ces différents facteurs :

  • une mauvaise gestion des ressources hydriques par le gouvernement kényan

  • des monocultures aggravant les épisodes de famines

  • une pluviométrie trop aléatoire pour anticiper les besoins futurs

  • un manque d’anticipation des épisodes de sécheresse

  • un essaim de criquet ravageant les cultures depuis le mois de Janvier

« ITIKI » : l’application qui allient connaissances ancestrales et données scientifiques pour faire face aux vagues de sécheresses



Pour faire face à ces épisodes de sécheresse récurrents, le pays très largement touché par le réchauffement climatique cherche à devenir la figure de proue du continent africain en matière de résilience. Pour se faire ce dernier mise sur les innovations technologiques pour aider les agriculteurs locaux. D’où est née l’application ITIKI (Information Technology and Indigeneous Knowledge with intelligence). Cette dernière dote les agriculteurs locaux d’outils pour anticiper les épisodes de sécheresse grâce à un système d’alerte précis. Elle fournit un outil de prévision abordable et de haute précision pour les petits exploitants agricoles qui leur permet d’augmenter leurs rendements, leurs revenus grâce à de meilleures décisions de culture.


ITIKI a été crée par la kényane Muthoni Masindé. Élevée dans un village d’agriculteurs, doctorante en sciences de l’informatique à l’université de Cape Town, c’est dès l’enfance qu’elle a pris conscience de l’importance de l’intégration des conditions climatiques dans le travail des terres. L’acronyme ITIKI provient du nom ancestral donné aux ponts de bois permettant de traverser les rivières kényane pendant des décennies. L’application prend en compte les prévisions météorologiques et adresse un sms aux agriculteurs afin de les orienter dans leurs méthodes de plantations.

A ces données scientifiques s’ajoutent les connaissances ancestrales qui permettent de conseiller au mieux les agriculteurs. Parmi les différents critères pris en compte, on retrouve l’étude des feuilles, le cycle lunaire ou encore le comportement des insectes comme les criquets. Ainsi, durant la saison des pluies, un nuage de criquet est signe de l’arrêt prochain des précipitations et signifie que toutes les plantations supplémentaires seront inutiles.


Une application facile d’utilisation


L’application « ITIKI » reste un outil complémentaire pour aider les agriculteurs locaux à anticiper les vagues de sécheresse qui s’intensifient. L’application est accessible aux agriculteurs locaux disposant d’un smartphone, mais une connexion internet n’est pas obligatoire. Son fonctionnement est relativement simple : une fois l’application téléchargée, ITIKI fournit des conseils personnalisés rapides par sms.


Une application transposable ?


Désormais disponible au Kenya, au Mozambique et en Afrique du Sud, l’application a vocation à s’étendre à d’autres pays voisins. En Juin 2019, l’application comptait déjà plus de 10 000 adeptes exploitants agricoles et s’étendait sur plus de 64 000 hectares. L’application parvient à séduire un grand nombre d’utilisateurs qui maintenant l’intègrent à leurs habitudes de culture. De plus il serait judicieux que le gouvernement s’en inspire comme outil pour élaborer sa politique de planification de sécurité alimentaire.


Raphaëlle PAPE




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