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Peut-on libérer la Californie des pénuries d’eau ?

Dernière mise à jour : 17 avr. 2020

L'État le plus peuplé des États-Unis est confronté depuis plusieurs années à d’importantes pénuries d’eau aux conséquences catastrophiques, conduisant le gouverneur Jerry Brown à décréter l’état d’urgence le 17 janvier 2014.


Ces pénuries d’eau ont plusieurs origines :

  • Les besoins croissants de l’agriculture intensive entraînent une surexploitation des nappes phréatiques.

  • La pollution des sols dans les zones d’exploitation d’hydrocarbure de schiste rend l’eau inutilisable.

  • L’augmentation générale des températures réduit le manteau neigeux de la Sierra Nevada et assèche la végétation.

  • La variabilité croissante des précipitations, de plus en plus violentes et mal réparties sur l’année.


Les conséquences, elles, sont aussi nombreuses que dramatiques :

  • Les habitants se voient rationnés, surveillés et sanctionnés depuis les 2 lois draconiennes signées en 2018 pour « aider la Californie à mieux se préparer aux sécheresses futures et aux effets du changement climatique ».

  • Des conflits entre urbains et agriculteurs : le service des eaux de Los Angeles a mis un terme au partage, avec les agriculteurs, des eaux acheminées par un aqueduc depuis les montagnes.

  • Le risque d’une crise alimentaire aux Etats-Unis est conséquent puisque près de la moitié des fruits et légumes du pays est produite dans la Central Valley.

  • Le très faible niveau d’humidité de l’air et des végétaux est l’un des principaux facteurs de développement des terribles incendies qui ravagent l’Etat américain.

Les facteurs de vulnérabilité de l’Etat du Sud-Ouest des Etats-Unis :

  • Sa vulnérabilité économique est évidente : les rendements agricoles sont mis en danger, tout comme les revenus conséquents générés par Los Angeles.

  • La vulnérabilité humaine : la sensibilité au dommage est extrêmement forte face à la ressource vitale qu'est l’eau.

  • Avec ses 40 millions d’habitants, la Californie est un Etat très peuplé et dont la croissance démographique est soutenue : à la fois cause de la pénurie et facteur fort de vulnérabilité, niveau d’exposition élevé.

  • La dépendance des Etats-Unis à l’agriculture californienne met l’ensemble du pays dans une situation de vulnérabilité et d’insécurité alimentaire.


Cependant la capacité de "transferabilité" est forte en Californie, pouvant se permettre économiquement, au contraire de régions pauvres souffrant du même type d’aléa comme l’Inde par exemple, de faire venir de l’eau de l’Oregon ou du Canada. La résilience de la Californie est renforcée par sa capacité d’innovation, l’Etat représentant un quart des brevets déposés dans le pays, lui donnant les moyens techniques et financiers pour élaborer des solutions.


Un grand nombre de solutions est ainsi proposé en Californie :

  • L’ingénieur mexicain Sergio Rico propose de stocker l’eau sous forme solide dans des matières absorbantes gélifiées.

  • D’autres développent des techniques pour piéger l’eau du brouillard.

  • La ville de Los Angeles a même fait couvrir un lac de millions de boules de plastique pour limiter l’évaporation (mais peut-on réellement considérer cela comme une solution ?).

  • Mais la solution qui semble la plus efficace consiste à traiter l’eau, par des stations de filtrage dépolluant l’eau provenant des égouts comme celle équipant la station spatiale internationale, ou en dessalant l’eau de mer. Or, ces techniques sont très polluantes et consommatrices en énergies.


Ainsi, un projet innovant, WaterFX, mené par l’ingénieur Aaron Mandell, propose d’utiliser l’énergie solaire pour filtrer le sel. En effet, une vaste nappe souterraine, alimentée par l’excédent des eaux d’irrigation, est inutilisable, car le sol est naturellement salé. WaterFX filtre donc ce sel, pour récupérer l’eau et la réinjecter dans la nappe phréatique. Les panneaux solaires concentrent l’énergie du soleil 36 fois, par un effet de loupe. Cette énergie fait chauffer à plus de 350°C l’huile minérale contenue dans les tuyaux, et la vapeur à haute pression ainsi produite fait bouillir l’eau et la débarrasse de son sel. Cette technique durable de recyclage permet de récupérer de l’eau douce totalement pure, mais également des cristaux de sel, à la forte valeur ajoutée puisque contenant du sodium, du chlorure, du sélénium ou encore du bore, utilisés dans de nombreuses industries. Aujourd’hui ce système de distillation permet l’obtention de 265 000 litres d’eau douce par jour, mais Aaron Mandell prévoit d’atteindre 6 milliards de litres par an.

Cette solution nécessite sûrement, pour être mise en œuvre, au-delà des travaux d’ingénieurs comme Aaron Mandell, l’appui financier des collectivités, de Los Angeles par exemple, ou encore d’investisseurs privés, mais également la participation technique de centres de recherche afin d’améliorer l’efficience du système.

Hélène CAUWEL



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