La crise du Covid-19 : vers un changement durable de nos habitudes de consommation
- Etudiant
- 25 avr. 2020
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Dernière mise à jour : 27 avr. 2020
La situation que connait actuellement la France de confinement, entraîne la formation de nouveaux comportements de consommation. Les magasins alimentaires sont fermés, tandis que les autres types de consommation sont interdits. Ainsi l’achat de biens manufacturés est freiné. Cette parenthèse dans la frénésie d’achat peut être l’opportunité de remettre de l’ordre dans notre façon de consommer, de se tourner vers une consommation plus durable.
Cette crise représente une opportunité pour passer d’un individu ultra-consommateur à un consommateur responsable. Une consommation responsable est une consommation positive pour la société et respectueuse de l’environnement. Il s’agit de faire réfléchir l’individu sur les impacts écologiques et sociaux de ses achats. Comment peut-on qualifier un achat de durable ? Il faut prendre en compte les caractéristiques du produit. La façon dont il a été produit permet de déterminer s’il s’agit d’un bien durable, le rejet de gaz à effet de serre, le respect des droits humains doivent être considérés. De même le critère de la proximité est particulièrement important. Enfin l’utilisation du produit n’est pas à oublier (le produit que j’achète va-t-il m’être utile, en ai-je vraiment besoin ?). Une consommation responsable est aussi une consommation qui se tourne vers les biens de seconde main, vers l’économie circulaire. Cette consommation durable était en pleine croissance avant la crise. L’enjeu du réchauffement climatique a commencé à infléchir les comportements de consommation de certains individus. Cependant modifier nos manières de consommer est difficile. La crise du coronavirus peut être l’occasion d’accélérer des processus déjà à l’œuvre, engagés depuis plusieurs années. Elle représente aussi une opportunité de découvrir une nouvelle forme de sobriété. Les nouveaux modes de fonctionnements mis en place en temps de crise peuvent devenir des habitudes et ainsi enraciner de nouveaux comportements d’achat.
Pour ceux qui étaient déjà persuadés de la nécessité d’une consommation responsable, durable, voire alternative, la crise du coronavirus renforcera, à n’en pas douter, leurs convictions. Linda BENOTMANE (Ouest France, 13/04/2020)

Vers une consommation écologique
Cette transformation des modes de consommation s’inscrit dans une démarche de transition écologique. Il s’agit d’adopter des comportements se dirigeant vers des biens responsables et durables. Si la chute de la consommation observée pendant le confinement ne s’ancre pas durablement dans les habitudes, on peut espérer une modification vers des achats de meilleure qualité. L’objectif étant d’acheter moins mais mieux. Le risque à la sortie du confinement est de retomber rapidement dans une approche de consommation sans réflexion sur les biens achtés. Il faut donc encourager la consommation de produits simples, utiles et locaux. Un consommateur responsable est un consommateur qui aspire à la modération et à la simplicité.
Sortir d’une société de surconsommation
Nous vivons dans une société habituée à l’abondance et à la surconsommation. Le confinement brise cette dynamique. Il provoque la non consommation de certains biens et services. Les individus ne peuvent satisfaire des actes de consommation impulsifs. Cela peut représenter une opportunité de se rendre compte que les achats effectués en temps normal ne sont pas forcément nécessaire. Il s’agit d’un moment de pause nécessaire pour réfléchir à nos comportements, pour revoir nos modes de consommation. Cependant il peut sembler difficile voire impossible de sortir de manière définitive de cette société de consommation. Le désir de jouir de nouveaux biens n’a pas de limites. Pour le philosophe Gilles Lipovetsky notre passion consumériste est impossible à arrêter. « Elle est née d’un changement anthropologique, lié à l’âge moderne, individualiste et démocratique » (Le Point, 31/03/2020)
Changement de l’offre
Un changement de nos modes de consommation implique un changement des modes de production. Les entreprises doivent s’adapter. Ce changement dans les modes de production est quelque peu engagé avec la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Les entreprises cherchent à faire attention à leur image. Pour cela elles adoptent de nouveaux comportements, respect de l’environnement (économie d’énergie) et des individus (droits sociaux, parité salariale) sont les maitres-mots. Cependant pour faire face à une demande de consommateur responsable, elles vont devoir faire plus. Une relocalisation des activités est notamment à envisager avec une suppression des activités polluante. Tout cela peut sembler compliqué mais au cours de cette crise des initiatives ont été mises en place par des entreprises. Certaines ont ainsi du jour au lendemain changé leur production pour fabriquer des masques et des gels hydroalcooliques. Les entreprises françaises sont donc en capacité d’effectuer un changement pour produire des biens durable et s’intégrer à des réseaux pour faire partie de l’économie circulaire.

Alors que le confinement semble avoir modifié certains comportements de consommation des biens manufacturés, est-il possible d’ancrer ces nouvelles habitudes afin de devenir des consommateurs responsables ?
Quel futur possible ?
A la sortie du confinement se dessine deux futurs possibles. Un retour vers une société de consommation avec des comportements inchangés. La fin du confinement peut ainsi s’accompagner d’un sursaut de la consommation pour s’alléger après plusieurs semaines d’angoisse. Ou le confinement peut être l’occasion d’une réelle prise de conscience et d’un renforcement de la consommation responsable. La surconsommation n’est pas nécessaire et peu de produit viennent d’entreprises locales. Les consommateurs décident alors de modifier véritablement leur comportement et d’acheter des biens sobrement, produits localement et dans le respect de l’environnement ou de se tourner vers des biens issus de l’économie circulaire.
Il a d’abord fallu l’intervention du législateur pour permettre une avancée. Ainsi en 2030 sous l’impulsion de la société civile une loi est adoptée accordant des subventions aux entreprises produisant en France pour vendre en France, accompagnée de la création d’un label garantissant le respect des droits de la nature et des êtres humains dans le processus de production. Cette loi permet une hausse des entreprises nationales produisant en France. Dès lors les magasins proposent de plus en plus des produits français.
En 2045, la totalité des biens qui ne sont plus utilisés par les ménages, entreprises, administrations sont recyclés et intègrent un circuit leur permettant d’être réutilisés par d’autres.
Ce mouvement aboutit en 2050 à ce que les trois quart des biens manufacturés achetés par les individus soient produits en France ou issus de l’économie circulaire. Les informations sur les produits sont disponibles facilement, de leur impact sur l’environnement à la manière dont est géré l’entreprise les fabriquant.
A l’origine il y a eu des réticences, l’une des principales difficultés à ce changement de consommation a été le besoin d’une réelle prise de conscience. La crise du coronavirus a enclenché une réflexion qu’il a été nécessaire de continuer à travers des campagnes de sensibilisation et un travail au sein des écoles. De plus certains produits étaient impossibles à fabriquer en France, il a fallu accepter de se passer de certains biens. Une hausse des prix a aussi accompagné une relocalisation des processus de production, les biens sont devenus plus cher. Cependant la population a réussi à s’adapter en gardant en tête l’idée d’acheter moins mais mieux.
Ainsi cette crise peut s’avérer salvatrice pour nos modes de consommation. En réduisant définitivement la surconsommation, on pourrait s’avancer vers une société plus sobre et respectueuse de l’environnement grâce à une réutilisation des produits ou une production locale ayant un moindre impact sur la nature. Ce changement de consommation est nécessaire pour parvenir à une transition écologique de nos sociétés.
Amandine MORINIÈRE

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