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La fonte des glaciers alpins inquiète

Dernière mise à jour : 4 mai 2020

Dans les Alpes, les sentinelles du climat fondent plus rapidement que prévu. Les scientifiques estiment qu’au rythme actuel, 90% des 4 000 glaciers que compte le massif alpin auront disparu en 2100. Ce phénomène alarmant aux conséquences multiples aggrave la vulnérabilité des territoires montagneux.


Glacier de la mer de glace Crédit Image : Virginie Garin | Crédit Média : RTL | Date : 30/08/2019


Ils font parties des premiers à porter les stigmates du réchauffement climatique. Dans les Alpes, l’augmentation de 2°C en 30 ans de la température moyenne a eu de grandes conséquences sur le fragile équilibre qui constitue un glacier. En effet, si les glaciers fondent en été, ils se reconstituent en hiver. Un glacier en bonne santé compense donc entièrement la fonte de la période estivale par la glace accumulée durant les mois les plus froids de l’année. Cependant, ce jeu de compensation fragile mais indispensable à la survie du glacier n’a plus été atteint depuis 30 ans dans les Alpes. Conséquence, les glaciers fondent, reculent, disparaissent… Emmanuel Macron est venu constater en février dernier le repli de 300 m de la mer de Glace. Ce site emblématique de Chamonix a perdu autant de matière ces 20 dernières années qu’en 2 siècle.


Une disparition lourde de conséquences


La première conséquence à court terme de cette tragique disparition est la déstabilisation des versants montagneux. Les risques d’éboulements glaciaires s’accroissent pouvant aller jusqu’à des glissements de terrain. Ces phénomènes mettent directement en danger les usagers de la montagne tels que les alpinistes, les randonneurs… mais aussi plus globalement un grand nombre de montagnards car certains glaciers pourraient s’effondrer et menacer directement des habitations. Par exemple, l’été dernier, un glacier du mont blanc a menacé de s’effondrer côté Italien. La vallée de Courmayeur, très touristique, mais où seulement quelques chalets sont installés a dû être évacuée.



Vue du glacier Planpincieux du Val d'Aoste (nord-ouest de l'Italie), qui menacait de s'effondrer / © AFP PHOTO /COURMAYOR PRESS OFFICE


A plus long terme, il faut préciser que les glaciers sont au centre de l’écosystème montagneux. En été, l’eau qui résulte de la fonte de la glace approvisionne les vallées et par conséquent les cultures, les villes, les barrages. Quand les géants de glace auront disparu, l’'or bleu qui s’écoulera de la montagne disparaîtra elle aussi. Cette dernière manquera cruellement. Si l’impact dans les Alpes comme en Norvège serait davantage problématique pour la production hydro-électrique, la situation sera plus dramatique encore en Amérique du Sud où des lacs artificiel, alimentés exclusivement par la fonte glacière, approvisionne des villes entières.


Les activités humaines ne seront pas les seules fortement perturbées, la biodiversité payera aussi un lourd tribut. En effet un grand nombre d’espèce de poissons d’eau douce ont besoin de l’eau froide générée par la fonte glaciaire pour survivre et pour se reproduire. C’est le cas notamment pour le saumon et la truite fardée. La réduction du débit des courants montagneux sera tout autant problématique pour les espèces de plantes et de poissons qui y prospèrent. Enfin, à une plus grande échelle, l’augmentation de la fonte glacière pourrait avoir des conséquences sur les courants marins en raison d’un accroissement de la quantité d’eau douce dans l'océan et des altérations sur la circulation thermohaline.


Retarder l’inéluctable ?

Pour empêcher cette tragique disparition, la meilleure solution est évidemment de réduire au maximum le réchauffement climatique. Cependant les scientifiques ont estimé que même dans le cadre d’un scénario relativement favorable, c’est-à-dire une diminution des émissions mondiales de gaz à effet de serre après 2050 puis une stabilisation conduisant à un réchauffement de 3°C en 2100, la ligne d’équilibre des glaciers se situera autour de 3 150 mètres, alors qu’aujourd’hui elle se trouve à 2 900 mètres. Ceci signifie que des glaciers comme celui d’Argentière auront entièrement disparu à partir de 2040. Ce dernier laissera derrière lui un lac de 12 millions de mètres cube d’eau qui menacera de noyer la vallée de Chamonix.


Glacier d’Argentière, près du massif du Mont blanc (chamonix.com)


En revanche, des solutions ont été mises en place pour retarder le phénomène. Certaines stations de sports d’hiver autrichiennes ont recouvert de plastique les glaciers de Pitztalà à la manière de grands pansements apposés sur la montagne.. De la même façon en Suisse, certains glaciers qui servent de piste de skis ont aussi été recouverts de plastique. Cependant, cette solution semble évidemment problématique sur le plan écologique et non viable économiquement à grande échelle.


En fait la principale mesure permettant d'améliorer la résilience des ces territoires montagneux réside dans la surveillance des glaciers. Celle-ci est en effet nécessaire pour éviter les accidents lors d’éventuels effondrements. Dans le cas du glacier de Planpincieux sur le massif du Mont Blanc, c’est une fondation, la fondation Montagna Sicura, surveillant ce glacier depuis 2013, qui a donné l’alerte à la mairie. En France, les sites sont aussi sous extrême surveillance, notamment par des équipes du CNRS. Des systèmes d’alerte ont notamment été mis en place afin de prendre le plus rapidement possible les décisions qui s'imposeraient.


Mais, si les efforts pour atténuer les conséquences se multiplient, rien ne semble pouvoir empêcher la page d'histoire de se tourner. Perchés en haut des Alpes, les géants de glace disparaissent, illustration tragique d'une époque qui prend l'eau.



Benoît SOYEZ


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