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La technologie Géocorail, un outil durable pour lutter contre l'érosion maritime?


 

L'érosion, une des priorités des communes littorales françaises


Au cours de l’hiver 2020, le sud du bassin d’Arcachon a vu son trait de côte reculer de près de 20 m, selon l’observatoire de la côte Aquitaine. Un chiffre impressionnant, mais de plus en plus courant sur la côte Atlantique où les communes littorales sont de plus en plus concernées par ces questions d’érosion. Avec la côte méditerranéenne, ces deux espaces littoraux sont parmi les plus vulnérables aux risques d’érosion en France et en Europe. Aujourd’hui, selon le Ministère de la Transition écologique et solidaire, plus de 8 communes littorales sur 10 sont sujettes aux risques naturels majeurs et près d’un quart des côtes françaises sont soumises à un phénomène d’érosion. Pour rappel, l’érosion côtière se traduit par « une perte graduelle de matériaux vers la mer touchant tous les types de littoraux, qu’ils soient sableux, vaseux ou rocheux. Ce phénomène résulte des effets combinés de la marée, de la houle et des courants induits des vents et des processus continentaux (par exemple pluie, ruissellement, etc), ainsi que du déficit des sédiments côtiers » (Observatoire Côte Aquitaine, 2016).


Les communes littorales maritimes accueillent 10% de la population métropolitaine et près de 7 millions de lits touristiques sur seulement 4% du territoire en 201028. Cette très forte densité humaine correspond à un niveau élevé d’artificialisation des côtes : on estime qu’environ 25% du littoral situé à moins de 500m de la mer est urbanisé, et on considère également que certaines activités humaines peuvent avoir un impact sur l’accélération de l’érosion. L’aléa de recul du trait de côte, lié à l’érosion, n’est pas encore reconnu institutionnellement, et il est donc difficile de mesurer ce risque. Pour rappel, un aléa est un “événement d’origine naturelle ou humaine potentiellement dangereux dont on essaie d’estimer l’intensité et la probabilité d’occurrence par l’étude des périodes de retour ou des prédispositions du site” (Ministère de l’Ecologie, 2016). La vulnérabilité des littoraux à l’aléa érosion a ainsi des impacts écologiques (disparition de plages et dunes, dégradation des cordons littoraux) et socio-économiques importants. Le recul du terrain continental ne présente pas un risque conséquent pour les populations, mais bien pour les habitations et infrastructures existantes.


 

Intérêts et limites des méthodes de lutte contre l'érosion


Néanmoins, cet aléa n’en reste pas moins très réel dans les communes concernées, et il devient urgent de mobiliser tous les acteurs du territoire pour y faire face. Si l’urbanisme local reste actuellement le moyen privilégié de lutte contre l’érosion (par le biais de réglementations restrictives concernant l’urbanisation à proximité du trait de côte par exemple), et qu’on accepte de laisser certains terrains retourner à la mer, les entreprises et les chercheurs expérimentent et testent diverses solutions pour faire face de manière plus durable à ce nouvel aléa, qui va s’intensifier dans les années à venir.


Pour l’instant, plusieurs aménagements « durs » sont conçus pour protéger la côte littorale de l’érosion : digues, enrochements, brise-lames, ou encore épis perpendiculaires permettent de faire faire obstacle aux vagues, et de limiter l’apport en sable et en sédiments sur le trait de côte. Cependant, ce sont généralement des aménagements lourds, coûteux, et dont l’efficacité peut être remise en question. Des aménagements dits « souples » sont également conçus : moins onéreux, ils permettent également de limiter l’aménagement sur le littoral, de conserver le trait de côte assez intact, en modifiant très peu l’écosystème. L’objectif de ces aménagements souples est de diffuser l’énergie des vagues, et d’en limiter l’impact sur le trait de côte.


 

L'innovation Géocorail: entre durabilité et neutralité


La start-up marseillaise Géocorail s’est ainsi lancée dans l’élaboration d’un procédé d’aménagement souple, durable et avec une très faible influence environnementale. Tel que l’évoque l’article « Géocorail®, pour la protection contre l'érosion et l'affouillement aux pieds des ouvrages maritimes », paru par l’association Technique Maritime et aéronautique, le concept que propose Géocorail pour lutter contre l’érosion repose sur la création un béton « naturel », par le biais d’un procédé électrochimique. Ainsi, grâce à un courant électrique diffusé par une anode (le « + » d’une pile), à proximité d’une structure métallique placée sous l’eau, « les minéraux présents dans la mer agrègent les sédiments marins pour former une roche solide ». Résistante et issue directement des fonds marins, ce béton vient renforcer les édifices et roches fragilisés par les courants et l’érosion. L’un des atouts principal de cette nouvelle innovation, breveté il y a tout juste deux ans, c’est de proposer un matériau qui s’intègre totalement à son environnement : contrairement au béton conventionnel des digues, cette roche n’augmente pas le PH de l’eau, et offre des rugosités naturelles, favorables à la vie marine. Cette nouvelle forme d’enrochement est notamment très utile à proximité des digues, et sur des coussins d’enrochement perpendiculaires à la côte.






Le concept commence tout juste à se diffuser à travers la France et l’europe. La Start-up Géocorail a commencé à développer sa technologie à Toulon, Cannes puis en Charentes, et souhaite également améliorer les techniques de géotextiles déjà existantes. L’une des particularités de ce béton novateur est sa relative lenteur d’ancrage : selon le dirigeant Philippe Andréani, « le résultat final d’un chantier se voit entre 6 et 24 mois plus tard. Cette relative lenteur est peut-être aussi l’assurance de l’ancrage plus durable de ce procédé sur la côte ». Pas d’inquiétude sur la durabilité de processus, donc, si ce n’est sur l’incidence potentielle de l’existence d’un champ électrique dans les milieux marins. Une technologie novatrice (mais coûteuse) à suivre donc, qui reste un bel espoir dans la lutte contre les risques d’érosion côtiers en France.


Apercus du Géocorail:


Floënn TRIBOT


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