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Les cours Oasis, îlots de fraîcheur et d'humidité urbaine en période de canicule

  • Etudiant
  • 6 mars 2020
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 avr. 2020

Les épisodes climatiques extrêmes s’avèrent être de plus en plus fréquents avec l’avènement du réchauffement climatique. Très minéralisées et de plus en plus denses, les villes sont touchées en premier lieu par ce phénomène. Les conséquences de ces épisodes sont loin d’être anecdotique, en 2003, lors de la canicule, le nombre de victimes en France a été mesuré à environ 15 000 personnes, faisant de cet épisode la plus importante cause de mort épidémique depuis la seconde guerre mondiale ! Au-delà du coût humain dramatique, les fortes chaleurs ont un pouvoir de paralysie de l’économie, en 2012, un métro de Washington a déraillé, les rails se dilatant avec la chaleur, et la fermeture de route pour cause d’un ramollissement du bitume sont de plus en plus fréquentes.


Un article paru dans la Physical Review Letter en décembre 2017 montrait que les villes ayant une organisation planifiée, avec de larges rues rectilignes sur le modèle des grandes villes nord-américaines, avaient tendance à trouver des difficultés à se débarrasser de la chaleur accumulée lors de journée, l’urbanisme favorisant la conduction thermique entre les bâtiments. A l’inverse on observe ainsi que dans les medinas, quartiers anciens arabes, faits de maisons enchevêtrées, la chaleur s’avère être bien plus supportable. Ce constat pointe une absolue nécessité de la part des villes occidentales de trouver des solutions pour lutter contre ces phénomènes qui ont pu avoir des conséquences dramatiques sur le plan humain, car on ne peut envisager de redessiner le plan urbain à moyen terme. Le développement de climatiseur se présente également comme une fausse solution car, au-delà de sa consommation faramineuse d’énergie, ces appareils rejettent la chaleur à l’extérieur des habitations et sont donc bien incapable de réduire la température moyenne de la ville.


La mairie de Paris, ville touchée de plein fouet par l’augmentation des températures, les relevés étant d'1°C supérieur en moyenne au XXIème siècle par rapport au XXème siècle, a trouvé pour faire face à ce risque une solution qui semble plus à la portée des acteurs locaux, pouvant avoir des impacts bien réels. Elle a en effet considéré que les 72 hectares de son territoire attribués aux cours d’écoles, représentant à l’heure actuelle, d’immenses dalles de bétons, pourraient être changés en espaces plus verts, apportant humidité et fraîcheur. Au-delà de la végétalisation, est aussi favorisé le développement de revêtement plus clair que le goudron classique afin de réfléchir au mieux la chaleur. Ces revêtements sont également perméable à l’eau de pluie afin de conserver l’humidité dans le sol.



Pour mettre en œuvre ces « cours Oasis », il s’avère nécessaire d’agir de concert avec les directeurs d’écoles. Le nombre d’acteurs reste cependant limité en ce qui concerne les écoles maternelles et primaires ainsi que les collèges car leur gestion est aux mains de la maire. Afin de rentabiliser les investissements effectués, la mairie de Paris a néanmoins fait le choix d’ouvrir ces lieux au public les weekends et les vacances scolaires, la ville considérant que les espaces pour flâner sont insuffisants.


Pour mettre en œuvre ce projet, il faudrait, durant les vacances scolaires retirer la couche de béton préexistante, pour y planter de la végétation et y installer le nouveau revêtement, et enfin ouvrir le lieu au public.


Ainsi la chaleur moyenne de la ville de Paris en serait réduite, et durant les vacances d’été, les Parisiens et les Parisiennes pourraient profiter de ces lieux ombragés désormais ouverts au public.


Cette initiative a déjà été développée pour 3 cours de récréation dans la capitale, ce n’est qu’un début et la ville de Paris semble prête à endosser le rôle de laboratoire de cette initiative, semblant être le territoire en ayant prioritairement besoin au vu de son urbanisme inadapté au climat changeant.


Louis MASQUELIER



5 Comments


Louis Masquelier
Louis Masquelier
Apr 22, 2020

Merci pour ce commentaire Elise! Je ne crois pas qu'il y ait eu d'étude quantitative sur la généralisation de ce dispositif, néanmoins les premiers essais sont très probants! La seule limite qui semble se poser est le coût de l'investissement qui explique que le nombre de cour oasis reste aussi limité...

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Elise Bhr
Elise Bhr
Apr 20, 2020

Et finalement quoi de plus agréable qu'une cours d'école végétalisée ?

Une solution qui montre encore une fois les bienfaits de la végétation !

Des études ont elles déjà été faites pour connaître l'impact qu'aurait une généralisation des cours oasis à Paris ?


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Eléonore Cadeau
Eléonore Cadeau
Apr 12, 2020

Merci Louis !


Il est aussi possible aujourd'hui de réintégrer de la végétation en enlevant le goudron pour planter les arbres sur un sol recouvert de matériaux perméables (du compost et un sol reconstruit) afin de perméabiliser le sol tout en gardant un espace de réservoir d'eau. Cette proposition est issue du projet Lisière d’une tierce forêt à Aubervilliers. Voici un extrait de la présentation du projet: " Le projet Lisière d’une tierce forêt propose de transformer l’espace extérieur d’un foyer de jeunes travailleurs en un îlot de fraîcheur, piétonnier et arboré, dans une des villes de France les plus carencées en espaces verts."


Néanmoins, si il est impossible de végétaliser et de rendre le sol perméable, un projet "Urban…


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Louis Masquelier
Louis Masquelier
Apr 04, 2020

Tout à fait, les possibilités dans les écoles de recouvrir d'un revêtement qui soit entièrement végétal n'est pas possible, en hiver les pelouses ne pouvant rester en bonne état de l'importante humidité des sols associée au piétinement des enfants. Comme on le voit sur la photo, il est donc possible de recourir à des revêtements synthétiques qui conservent certaines des propriétés des sols végétalisés tout en permettant un usage fonctionnel permanent en dépit des conditions météorologiques.

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Yoann Coulmont
Yoann Coulmont
Mar 27, 2020

Cette solution de végétalisation des sols peut aussi se faire avec les dalles TTE qui ne bloquent pas la croissance des végétaux, ce qui permet une meilleure perméabilité du sol et donc une infiltration de l'eau et une évacuation de la chaleur. Elles offrent une plus grande résilience face aux inondations et aux vagues de chaleur. Ces dalles sont principalement utilisées dans les parkings mais on pourrait leur trouver une nouvelle utilité.

De plus le choix d'aménager les cours d'écoles est primordial étant que les populations les plus jeunes sont parmi les plus vulnérables aux épisodes caniculaires.

Super article Louis!

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