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Les cowboys fringants chantent un futur moins fringant

Artiste : Les cowboys fringants

Chanson : Plus Rien

Album : La Grande messe

Année : 2004



Quelle richesse apporte le Québec à la francophonie ! En plus d’un vocabulaire particulièrement innovant, les québécois ont offert à la chanson française nombre d’artistes de talent et de chansons aujourd’hui cultes. Si l’on peut bien évidemment penser à Céline Dion ou Garou, le groupe québécois actuel le plus populaire de la francophonie est sans nulle doute « Les cowboys fringants ». Leur dernier album « Les Antipodes » sorti en septembre 2019 et sa chanson star « L’Amérique pleure » a touché au cœur la belle province toute entière mais également l’Europe francophone. Dans cette belle lancée, le groupe a produit et écrit un film au nom de sa chanson à succès « L’Amérique pleure » dans lequel les cowboys interprètent leurs plus belles chansons dans la nature sauvage du Québec rural, plaçant au cœur l’environnement, un thème récurrent pour le groupe.

La protection de l’environnement a très tôt fait son apparition parmi les chansons engagées de la formation québécoise. Formés par la rencontre entre Karl Tremblay (chanteur) et Jean-François Pauzé (guitariste et compositeur), les cowboys A fringants se sont faits spécialistes pour compter la vie de leurs contemporains. Marie-Annick Lépine (violoniste et accordéoniste) et Jérôme Dupraz (bassiste et scientifique spécialiste des forêts et de l’environnement) complètent ce groupe qui attire dès 2002 l’attention avec la sortie de son célèbre album intitulé « Break Syndical » aux chansons nationalistes québécoises coups de poing.




Mais les cowboys remontent très vite sur leur monture et en 2004, ils signent un album de haute volée que toute la critique salue. Intitulé « La Grande Messe », ce nouvel opus explore avec une précocité étonnante les enjeux du 21e siècle. Si la chanson « Les étoiles filantes » sature les radios québécoises de l’époque, c’est le 5e titre de l’album qui a retenu notre attention.

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« Plus Rien », un titre assommant pour une chanson dystopique sur l’avenir de notre planète. Comme dans un récit de Sciences Fiction, les cowboys chantent la complainte du « dernier humain de la terre ». Celui-ci décrit d’abord la beauté de la nature racontant le bruit des rivières ou encore le rythme des saisons, avant que les hommes ne détruisent tout puis ne s’auto détruisent.

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Il faut dire avec quelle puissance le récit prospectif résonne avec notre présent inactif. Bien que la chanson résonne comme un air de récit apocalyptique récurrent en science fiction, la narration de l’inaction des hommes face à la pollution continue de la terre pour seul motif que « l’appât du gain » fait écho immanquablement aux contradictions très actuelles de notre société. Elle parle à une jeunesse abasourdie et inquiète pour son avenir.

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L’énumération glaçante des catastrophes qui s’abattent alors sur les hommes de la chanson n’en sont que plus tragiques. « Pandémies » « inondations » « guerres » « famine » puis « Plus Rien ». Il y a presque 20 ans, les Cowboys Fringants s’étaient déjà inscrits dans ce courant aujourd’hui bien connu qu’est la théorie de l’effondrement. Avec force, ils ont tiré la sonnette d’alarme sur le scénario catastrophe qui menace l’humanité. En chantant le pire, ils espéraient faire réagir. En choquant, ils espéraient prévenir. Pourtant, la menace empire.

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17 ans après, les cowboys fringants ont réenregistré la chanson pour leur film « L’Amérique pleure » réadaptant considérablement l’arrangement musical. D’une chanson exclusivement dramatique, le groupe fait désormais exploser leurs instruments à la fin du titre comme pour conjurer la catastrophe. Auparavant plombant, le feu d’artifice sonore interprété par les talentueux musiciens du groupe offre à l’auditeur une étrange sensation contradictoire, partagée entre le récit déprimant et la musique presque dansante. Cette nouvelle proposition artistique permet presque d’interpréter la fin du morceau comme une invitation à l’espoir, un déluge d’énergie qui donne la force d’agir et qui entraîne subtilement vers une alternative heureuse.

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Pour travailler de manière concrète à la résilience de nos sociétés, les cowboys fringants ont créé en 2005 une fondation qui participe à réduire l’empreinte environnementale du groupe, à protéger les territoires québécois à haute valeur environnementale et à encourager la recherche scientifique sur le sujet. Les nombreuses interviews données par le groupe participent à sensibiliser toujours plus au plus grand défis de notre temps. A travers leurs chansons et leurs actions, les cowboys travaillent à rendre notre futur, un peu plus fringants.

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« Au fond l’intelligence qu’on nous avait donné,

n’aura été qu’un beau cadeau empoisonné »

Extrait de « Plus rien »






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