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Les littoraux martiniquais : que faire face à la montée des eaux ?

Dernière mise à jour : 17 avr. 2020


La montée du niveau de la mer, qui s'élève en moyenne de 3 millimètres par an représente un danger pour les littoraux martiniquais, où la population y concentre ses activités.

Les causes de la montée des eaux sont la fonte des glaces et la dilatation thermique. En effet, en se réchauffant, l'eau se dilate, c'est-à-dire qu'elle gonfle et prend plus de place.

En Martinique, les changements climatiques à l’origine de l’élévation du niveau de la mer, sont combinés à l’association de plusieurs facteurs anthropiques. Le littoral martiniquais est ainsi particulièrement fragile du fait de l'urbanisation et de l'extraction du sable pour le secteur du bâtiment, mais c'est l'industrie touristique qui est accusée d'être la principale responsable de la fragilité des littoraux. En effet, des plantes capables de stabiliser le sable, et donc de lutter contre l'érosion, ont été arrachées au profit des cocotiers, qui ne sont pas endémiques. La Martinique a donc importé massivement et arraché la végétation originelle, pour correspondre à l'imaginaire fantasmé occidental de la plage : «cocotier, sable blanc, mer bleu».

En plus du changement climatique, la Martinique perd donc aujourd'hui ses plages à cause de plusieurs années d’urbanisation et de néocolonialisme ayant favorisé les infrastructures touristiques au détriment d'autres secteurs économiques traditionnels et du contexte local, rendant la Martinique dépendante de l’activité touristique littorale.

Plage des Salines en 2005

L'érosion touche l'ensemble de l'île à l'image de la plage des Salines, où la bande de sable est aujourd'hui inexistante. En effet, chaque année la mer gagne un mètre sur cette partie du littoral, qui est la plus touchée.




Plage des Salines en 2015

C'est ainsi 83% des plages de l’île qui sont menacées par l’élévation du niveau de la mer.








La montée des eaux et l'érosion des côtes rend la population côtière très vulnérable, car 53 % de la population se situe sur les littoraux, ainsi que 62 % des infrastructures. La montée des eaux a ainsi déjà obligé des habitants à se replier vers l'intérieur des terres, à l'exemple des habitants de l'ancien quartier Nord Plage à Macouba. Cependant, les zones de repli sont limitées sur une île de 1 128 km² (8 722 km² pour la Corse à titre de comparaison). D’autre part, le tissu économique ultramarin est basé sur l’aquaculture, la pêche, l’agriculture et le tourisme. Les principaux revenus de la Martinique viennent donc de l'utilisation des littoraux et principalement de la plage. La perte de la bande côtière amènerait donc à la paupérisation d'une partie de la population déjà fragile (taux de pauvreté de 32 % selon l'INSEE).


Les plages martiniquaises sont-elles donc condamnées à disparaître ?


Aujourd’hui, la Martinique doit donc s’organiser pour faire face au changement climatique qui menace son territoire.


Vers l'adaptation et la résilience, les solutions :


1) La mangrove


La mangrove est naturellement présente sur les littoraux martiniquais. Cependant, elle a longtemps été défrichée. L’arbre des mangroves est le palétuvier, grâce à ses racines aériennes courbées s’ancrant dans la vase, les mangroves sont capables d’absorber 70 à 90 % des courants maritimes limitant ainsi les effets des vagues. Pour implanter les mangroves sur des côtes en érosion, des tubes géotextiles ont été construit. Ces tubes biodégradables rempli de sable et d'eau servent de barrière lorsque la marée est haute afin que l'eau boueuse puisse entrer dans la zone et que les sédiments qui y restent puissent participer à reconstruire le sol et ainsi lutter contre l'érosion.


La CACEM (Communauté d'Agglomération du Centre de la Martinique) a ainsi été récompensée pour son projet « Réalisation d’une étude préalable à la réalisation d’actions de plantation/réimplantation de mangrove sur le périmètre de la Baie de Fort-de-France ». Elle a été désignée lauréate de l’appel à projets « Initiatives pour la reconquête de la biodiversité dans les Outre-Mer » lancé par l’Agence Française pour la Biodiversité en 2019.



2) Plan d'aménagement


La manière d'occuper le territoire doit être repensé pour prétendre à la pérennité et à la résilience. Des plans d'aménagements pour s'adapter à l'érosion ont aussi vu le jour comme celui pour la commune littorale du Prêcheur. Le projet d'aménagement de cette commune, débuté en 2016, est encore à l'état d'étude mais il témoigne de la volonté des pouvoirs publics et de la population, jusque là réticente à l'idée de devoir quitter son lieu de vie, de tendre vers l'adaptation et la résilience.


Une coopération de différents acteurs :

Les principaux acteurs de ces ouvrages sont le département et la région de Martinique, ainsi que le Fonds européen agricole pour le développement rural, l'agence des 50 pas géométriques, un établissement public en charge de l'aménagement de certaines zones littorales et la Direction de l'Environnement de l'Aménagement et du Logement de Martinique. Cependant, certaines initiatives privées et locales sont aussi fréquentes, et les habitants en viennent eux-mêmes à réaliser des enrochements pour protéger leurs habitations, avec l'accord des municipalités qui veillent à la mise en œuvre des travaux.


Enrochements, relogements, mangroves...l'érosion pousse ainsi les habitants et les pouvoirs publics à chercher des solutions pour lutter contre la montée du niveau de la mer qui menace une grande partie de la population martiniquaise et ses principales ressources.


Héva COURTEAUD



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