Mini-tornade dans le Pas-de-Calais

Dans la nuit du dimanche 16 Février la tempête Dennis a frappé la région Nord-Pas-de-Calais et aurait provoqué une tornade dans la ville de Liévin, située dans le Bassin Minier. S’il est difficile d’identifier précisément l’aléa, s’étant produit en pleine nuit, les témoins parlent d’un phénomène venteux tourbillonnaire. Il nous semble ainsi possible de parler dans une acception courante d’une mini-tornade plus que d’une simple tempête. Assez fréquent dans ce département, souvent exposé aux vents, les tornades sont généralement de faible intensité, F0 ou F1 sur l’échelle de Fujita. Toutefois on remarque une augmentation de la fréquence d’occurrence sur ce territoire avec 12 tornades sur les années 1770-1970 (2 siècles) et 15 tornades entre 2000 et 2017 (17 ans) selon le recensement de KERAUNOS, l’Observatoire français des tornades et orages violents. Est-ce une nouvelle manifestation de l’augmentation des risques liée au dérèglement climatique ?

La mini-tornade de Liévin survient quelques jours après celle de Bertangles, le 10 Février dans le département limitrophe de la Somme au Nord d’Amiens, provoquée par la tempête Ciara. Dans le Pas-de-Calais, les dégâts sont surtout matériels avec les toitures de 8 maisons arrachées et de nombreux objets de jardin envolés, mais on ne compte pas de victimes ayant reçu des sévisses corporelles. La mairie de la ville a expressément demandé la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, ce qui fut rejeté. La cité des Castors qui a été touchée était particulièrement vulnérable en raison de la vétusté des habitations. En effet on retrouve de l’amiante comme matériau de construction, ce qui signifie que les infrastructures n’ont pas été rénovées depuis 1997, date d’interdiction de l’amiante. Par ailleurs, la tornade n’a pas pu être prévue par les services météorologiques, seuls des vents violents étaient attendus. L’effet de surprise constitue un facteur important de vulnérabilité pour la population qui n’a pas pu se préparer à cet aléa, d’autant plus qu’aucun dispositif de prévention et de protection n’avaient donc été mis en place par les autorités locales.

Toutefois, il existe des solutions architecturales pour lutter contre la prise au vent des habitats. Par exemple, en mai 2007, une tornade de force 5 a détruit 95% de la ville de Greensburg dans le Kansas. Après cette catastrophe, il est décidé que toutes les constructions respectent des normes exigeantes en termes d’écoperformance et de résistance au vent. En Mai 2010 est inauguré lors de l’anniversaire de la tempête la Silo Eco Home qui répond à ces critères et peut surmonter des vents à 200 km/h. Forme circulaire, murs épais, toit plat, ancrage de celui-ci dans le bâtiment sont tout autant de solutions accessibles et réalisables. Concertation, conception, planification et construction seraient les diverses étapes à travers avant d’arriver à une ville plus résiliente. Néanmoins, encore faut il que les maries et préfectures, autorités administratives chargées de l’ordre, de la sécurité et de la salubrité publique mettent en place une réelle campagne de prévention des risques, encore trop peu conscientisés par les citoyens français. Mais aussi que les acteurs de l’urbanisme, de l’architecture et du BTP se forment aux nouveaux enjeux auxquels notre société fait face.

Yoann COULMONT