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Mouvements de terrain en Indonésie : quelle résilience possible ?

Dernière mise à jour : 17 avr. 2020

  1. Un territoire vulnérable

Les mouvements de terrain en Indonésie constituent le second aléa le plus fréquent en Indonésie, après celui des inondations qui y est directement corrélé. Ils regroupent un ensemble de déplacements, plus ou moins brutaux, du sol ou du sous-sol, d’origine naturelle ou anthropique et sont à l’origine de 800 à 1000 morts par an dans le monde, de préjudices économiques et de dommages importants. L’Indonésie est ainsi en grande partie soumise au risque de glissements de terrain, qui fissurent les bâtiments en cas de déplacement de quelques centimètres seulement. Les désordres peuvent rapidement être tels que la sécurité des occupants ne peut plus être garantie et que la délocalisation et la démolition restent les seules solutions.



Il ne s’agit pas là d’un nouveau risque et est donc bien connu des habitants et des autorités. Pourtant, les désastres occasionnés continuent de faire l’actualité du pays à l'image du villageois de 65 ans décédé et des deux maisons détruites à Tana Toraja, pas plus tard que le 26 Mars 2020. Quelques jours plutôt, un glissement de terrain et les inondations faisaient 20 morts en Papouasie-Nouvelle-Guinée.


Les actualités démontrent qu’une majorité de l’Indonésie est touchée par les mouvements de terrain et cette vulnérabilité est notamment accentuée par différents facteurs :

  • les inondations

  • l’urbanisation anarchique (notamment dans la capitale, Jakarta)

  • la densité de la population (moyenne de 140 hab/km2 et atteint 14 694 hab/km2 à Jakarta)

  • la déforestation (pour la culture d’huile de palme)


2. Une piste de résilience : l’adaptation de l’urbanisation


a. Plan de prévention des risques naturels


L’un des facteurs de vulnérabilité du territoire est son urbanisation anarchique. Une solution pour rendre l’Indonésie moins vulnérable à ces mouvements de terrains et améliorer sa résilience face au risque peut donc passer par des constructions et un aménagement adaptés au risque. Mais la diversité des phénomènes de mouvements de terrains implique que des mesures très spécifiques soient mises en œuvre à titre individuel et demande donc un investissement lourd et onéreux pour établir des mesures de prévention adaptées.


La mise en place de plans de prévention des risques naturels (PPRn) permettront de prescrire ou recommander des dispositions :

  • de construction, telles que l’adaptation des projets au contexte géologique local (exemple : Descendre les fondations au-delà de la zone sensible du sol.) ;

  • d’urbanisme, telles que la maîtrise des rejets d’eaux pluviales et usées ;

  • concernant l’usage du sol.

Néanmoins dans certains cas, l’inconstructibilité est la seule solution.


b. Des acteurs multiples pour une bonne mise en oeuvre


Les parties prenantes à la mise en place de telles dispositions sont bien sûr, en amont, l’Etat à travers l’agence indonésienne de gestion des catastrophes et les équipes scientifiques (publiques et privées) qui seront également chargés de mettre à jour l’état des risques. Mais en aval, il revient aux municipalités et aux pouvoirs locaux de veiller à la bonne mise en oeuvre des dispositions par les architectes, les urbanistes et les promoteurs immobiliers. Enfin, des acteurs de la communication et de l’information doivent intervenir tout au long de la mise en place du plan de prévention des risques naturels pour diffuser les données pertinentes mais également tenir la population informée.

La mise en oeuvre d'un tel plan de prévention met donc les acteurs indonésiens au défi de créer une véritable collaboration entre les acteurs publics et privés d’une part, afin que circule l’information. Mais également de faire coopérer des secteurs pas toujours mis en lien, comme la sphère scientifique et les acteurs de l’aménagement du territoire pour établir des constructions adaptées à la résilience du territoire.


c. Les étapes de la mise en place


1. Observation collaborative.

Il s’agit tout d’abord de capitaliser les données souvent éparses et structurer un réseau en fédérant les acteurs publics et privés. Cette étape sert à créer un lien entre le savoir scientifique et les praticiens pour une meilleure compréhension des mouvements de terrain en cours sur le territoire. De plus, elle vise à identifier les besoins des personnes impactées : habitants, entreprises et gestionnaires.

2. Proposer un projet dans le sens d’une action collective impliquant les décideurs

Une fois les informations nécessaires récoltées, il faut orienter de manière stratégique le développement urbain et produire des actions contribuant à la résilience du territoire. L’établissement de nouvelles normes, adaptées au territoire, permettront d’améliorer les conditions de vie des habitants grâce à un habitat résilient, des innovations techniques et une gestion globale de l’eau.

3. Tenir informer la population et maintenir une surveillance.

Afin de pérenniser la résilience du territoire, le plan de préventions des risques naturels doit être mis à jour et avec lui ses propositions, pour que la population puissent participer et s’adapter.


     D’autres pistes de résilience sont envisageables, notamment pour réduire les autres facteurs de vulnérabilité de l’Indonésie face aux mouvements de terrain. Le gouvernement indonésien a d’ailleurs annoncé à la fin du mois d’Août 2019, que la capitale serait transférée sur l’île de Bornéo afin d’alléger la pression démographique sur l’île de Java, la plus densément peuplée de l’archipel.


Christiana MINAEV


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