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Respire, Mickey 3d


Le groupe de rock français Mickey 3d, révélé par la chanson Respire (album Tu vas pas mourir de rire, 2003) est fondé en 1996. L’auteur-compositeur-interprète Mickael Furnon est connu pour ses collaborations avec de nombreux artistes. Parmi eux, Indochine (J’ai demandé à la lune ; La vie est belle), Pauline Croze (Mise à nu) ou Vanessa Paradis (L’Au-delà).

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Mickael Furnon refuse de se définir comme militant mais il explique s’être senti touché par les questions environnementales lors d’un discours de Nicolas Hulot. Ce dernier alertait sur le réchauffement climatique et les limites planétaires que nous étions proche de dépasser. Ce discours a eu l’effet d’un catalyseur et l’a alors poussé à écrire une chanson pour sensibiliser les citoyens à ces enjeux.

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Respire est une chanson militante. Elle porte sur la détérioration de la planète par l’Homme. L’auteur y aborde les questions de la destruction de la biodiversité et du réchauffement climatique en retraçant l’histoire de l’évolution de l’Homme. La chanson prend la forme d’un récit dans lequel un adulte explique à un enfant les raisons pour lesquelles le monde est détruit et dépourvu de nature.

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« Approche-toi petit, écoute-moi gamin Je vais te raconter l'histoire de l'être humain. Au début y avait rien, au début c'était bien ».

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« Au début y avait rien, au début c’était bien » nous montre que l’auteur envisage la nature comme une nature mythifiée, sacralisée, une nature exemptée de l’action humaine. Finalement, sa critique de la crise écologique va dans le sens d’une critique civilisationnelle. Il opère clairement une dichotomie nature/culture, qui simplifie grandement la complexité de la situation actuelle, mais qui permet au récepteur du message (en l’occurrence un enfant) d’être marqué. Cette exagération volontaire est nécessaire pour appuyer la nécessité et l’urgence du message à faire passer.

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Derrière un ton familier et humoristique, le chanteur fait passer un message tragique à travers un récit en crescendo. Le premier couplet aborde le passé de l’espèce humaine et l’histoire de la domination de l’Homme sur la nature. Le deuxième couplet dessine un récit prospectif dans lequel les générations futures sont touchées par des risques technologiques. Enfin, l’ultime couplet formule une critique à l’encontre des excès de l’espèce humaine.

Parallèlement, le clip élaboré introduit une atmosphère tendue et joue avec l’appréhension du spectateur notamment à travers le travail sur les éléments naturels. L’attention spécifique accordée aux animaux contraste avec les paroles sombres de la chanson.

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Le portrait dressé d’une nature idéale insiste sur l’utopie de la préservation de l’environnement. Ce contraste nourrit donc une vision sombre et presque fataliste. La jeunesse du personnage central (une petite fille) contribue également à cette vision fataliste puisque le droit des générations futures à disposer de cette nature verdoyante, sublime, vivante, semble inaccessible et compromis.

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La fin du clip est en cohérence avec les paroles de la chanson. Alors que le chanteur évoque l’incertitude du futur de l’espèce humaine :

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« C'est pas joli joli, et j'connais pas la fin. T'es pas né dans un chou mais plutôt dans un trou. Qu'on remplit tous les jours comme une fosse à purin ».

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L’idée de trou renforce cette isolation de la jeunesse ; cette impression d’une situation à laquelle on ne peut échapper. L’image du trou qui « se remplit tous les jours » renforce fortement le sentiment d’accumulation tandis que le « purin » renvoie à la saleté de la pollution.

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Le clip accentue la gravité de la situation, lorsqu’on comprend que la joie de la petite fille n’était qu’éphémère, tout comme la nature. La faune et la flore tant désirables laissent place à un décor bétonné et angoissant de studio de cinéma. Ce décor factice incarne in fine une critique des solutions technologiques qui peuvent être apportées à la crise écologique actuelle et qui ne sauraient remplacer la disparition des écosystèmes. Comment se sortir de cette fosse à purin ? Comment respirer ? Où sont passés les oiseaux ? Les rêves d’enfants ?

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Charlotte Barbier


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