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Sur la côte franco-italienne, la coopération face aux inondations.

Dernière mise à jour : 17 avr. 2020

En septembre 2017, des pluies diluviennes sur la côte Toscane provoquent des inondations et font au moins six morts et deux disparus en une heure, ce sont quarante centimètres de pluies qui sont tombées sur Livourne. Le risque d'inondations dans cette région est fort, tout comme dans les régions voisines. Les côtes méditerranéennes de l'est de la France, et du golfe de Gènes en Italie sont en effet soumises à des risques semblables. Les catastrophes hydrogéologique de submersions, de ruissellement urbain et d'inondations ont été fréquentes ces dernières décennies. Les 5 et 6 novembre 1994, des inondations avaient fait 70 morts et plus de 2.200 sinistrés dans la région de Ligurie en Italie, un traumatisme pour les habitant.es, qui a resurgit en Novembre 2016 lors de nouvelles inondations dans la région, qui n'ont cette fois causé aucune victime. De l'autre côté de la frontière, le risque est aussi bien présent. En octobre 2012, des pluies intenses font deux morts dans le Var, qui a connu ce type d’événements quasiment tout les ans durant cette dernière décennie. Des villes comme Marseille, Cannes, Nice, Fréjus, ont des quartiers, parfois des centres villes construits en zone inondable.



Le climat spécifique de la région est responsable de ces catastrophes. Mais le changement climatique empire la situation. Les périodes de sécheresses prolongées, suivies de fortes pluies imperméabilisent le sol et favorisent les écoulements. Ces régions, de plus en plus urbanisées, sont caractérisées par des plaines dominées par des reliefs à l'intérieur des terres. Cette topographie spécifique augmente la vulnérabilité de ces régions : les eaux s'écoulent vers l'aval à grande vitesse, mettant en danger les nombreux habitant.es. Dans le Var et dans les Alpes-Maritimes, un cinquième de la population habite dans une zone inondable. La côte ligure et la côte toscane présentent des risque d'inondation deux fois supérieure à la moyenne nationale. La Sardaigne est aussi sujette à ce risque, bien que moins critique du fait du nombre moins important d'habitant.es. Et le changement climatique est un facteur qui tend à empirer la situation. La multiplication des sécheresses et le caractère plus intense de celles-ci imperméabilisent les sols d'autant plus. De plus, le réchauffement et la tropicalisation du climat provoque une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes comme les chutes de grêle qui détruisent les productions agricoles selon Coldiretti, le principal syndicat agricole italien.



Pour tenter de répondre de manière conjointe à ce problème, à l'échelle de tout le trait de côte, projet Interreg TRIG-eau s'est formé. Ce type de projet, porté par l'Union Européenne, consiste en une coopération entre les régions. L'objectif de ce projet est de faire coopérer les acteurs locaux (les mairies par exemple) et d'aménager le territoire de sorte à limiter l'impact des inondations sur les villes notamment. En tout, le projet Interreg combine 10 partenaires : La commune de Campo nell'Elba, l'université St-Anne de Pise, la commune de Solarussa, le Parc de Portofino près de Gênes, la commune de Camogli, l'université de Sassari, l'université de Gênes, l'agence des villes et territoires méditerranéens durables, l'éa éco-entreprises et enfin le Consortium pour la mise en valeur des cinq Côtes de Toscane, qui coordonne le tout. Concrètement, la remise à ciel ouvert de certains comme la Segagnana dans la commune de Campo nell'Elba, la mise en place d' « infrastructure vertes » comme la végétalisation des parkings, la ré-perméabilisation des sols urbains anthropisés dans la commune de Solarussa, ou encore la réalisation d'infrastructures de stockage d'eau de pluie dans la zone de San Fruttuso di Camogli, sont des projets pilotes, des test qui devraient permettre la généralisation de ce type d'initiative. TRIG-eau propose la réduction des interventions structurelles pour se tourner vers ces types d'actions micro-locales, pour redonner au sol ses capacités d’absorption et de drainage Ces politiques d'aménagement concrètes sont accompagnées d'études préalables et postérieures. Ainsi, une analyse intégrée du contexte transfrontalier italo-français avec la mise en œuvre de plans d'action et de gouvernance conjoints, a été réalisée. Un protocole d'accord pour l'intégration du modèle de gouvernance dans les plans d'action des partenaires a été signé. Il vise à formaliser l'engagement des différents acteurs partenaires pour assurer la durabilité du projet et de ses résultats. C'est donc sur deux plans que TRIG-eau agit : d'une part, dans la mise en relations des acteurs, d'autre part, sur la réalisation d'aménagement qui visent à s'adapter au risque et à augmenter la résilience des territoires. Ce type de projet Interreg est très précieux car il permet le dialogue entre les territoires, le partage d'expérience et la co-construction d'un projet cohérent à large échelle.


Hiram BOUTEILLET




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