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« Survey 17 », un site internet pour prévoir et anticiper les conséquences des submersions marines

Dernière mise à jour : 17 avr. 2020

o Le risque de submersion marine sur la côte Atlantique

La côte Atlantique est particulièrement exposée au risque de submersion marine, en particulier le littoral de Charente-Maritime qui représente la plus vaste zone du territoire français vulnérable aux submersions marines. Cet aléa peut être défini comme une inondation temporaire des zones côtières par la mer lors de conditions météorologiques et océaniques défavorables (précipitations, tempêtes, couplées à de fortes marées et de la pleine mer).

La tempête Xynthia avait ainsi frappé l’ouest de la France, principalement les départements de Charente-Maritime et de Vendée, il y a maintenant 10 ans, du 27 au 28 février 2010. Cette catastrophe naturelle avait provoqué la mort de 47 personnes en France. Depuis lors, de nombreuses autres tempêtes se sont abattues sur la France et la peur des habitants que de nouvelles submersions frappent la côte Atlantique est toujours aussi présente.



o Les facteurs de vulnérabilités du littoral Atlantique

Les départements côtiers de l’Atlantique sont très sujets à ces risques de submersion de par la forte occupation des sols proches des littoraux. Beaucoup de permis de construire avaient ainsi été accordés sur des zones submersibles, ce qui explique en partie le nombre important de victimes suite à la tempête Xynthia. Ainsi, en 2017, 30 % de la population du département de Charente-Maritime vivait dans une commune littorale, soit près de 200 000 personnes. Les populations habitant à proximité des littoraux apparaissent d’ailleurs encore souvent assez réticentes à déménager, de par l’attachement émotionnel à leur lieu d’habitation notamment.

De plus, au cours des derniers siècles, de vastes territoires ont été gagnés sur l'océan Atlantique par la construction de digues et assèchement (les polders), ce qui crée des territoires de très faibles altitudes, avec des bandes côtières de plusieurs kilomètres de large situées en dessous du niveau de la mer lors des plus grandes marées. Cette caractéristique physique rend les côtes atlantiques très vulnérables au risque de submersion.

En outre, l’entretien des digues est très inégal sur le territoire concerné et bien que leur entretien ait été renforcé suite à la tempête Xynthia, cela pourrait ne pas être suffisant pour retenir de fortes vagues.

D’où l’importance d’élaborer des plans de prévention de ces risques. Or, les pouvoirs publics locaux ont pu manquer de vigilance et de culture du risque en ne prévoyant pas de plans de prévention des risques littoraux (PPRL). A l’heure actuelle, sur les 82 communes de Charente-maritime jugées prioritaires pour ces risques, encore 46 n’ont pas élaborés de PPRL.


o L’application « Survey 17 », solution innovante pour la réduction des conséquences humaines d'une submersion marine

Partant du constat que les submersions marines étaient un risque majeur dans le département de Charente-Maritime et que peu d’outils permettaient réellement de l’anticiper précisément, Jean-François Breilh, docteur en océanographie, a conçu pour le compte de l'Union des marais de Charente-Maritime (Unima), qui regroupe plus de 250 collectivités ou institutions, une application web pour anticiper les conséquences d'une tempête et pour en limiter les effets sur la population. Cet outil a été élaboré en collaboration avec le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l'Université de La Rochelle.

Appelé « Survey 17 » (« survey » pouvant se traduire en l’espèce comme « relevé » ou « prospection » des conséquences de la submersion et le 17 renvoyant sans doute au numéro de la Charente-Maritime dans la numérotation départementale française), ce site internet est un atlas qui cartographie les risques de submersion en confrontant le niveau d'eau et le trait de côte. Le site compare la tempête en approche avec l’une des six plus graves tempêtes ayant déjà frappées la Charente-Maritime depuis 1924, notamment avec les tempêtes Martin en 1999 et Xynthia en 2010, et détermine quelles zones seront frappées par la submersion de façon précise en anticipant les niveaux d'eau le long des 470 kilomètres de côte du département (îles comprises). L’application indiquera ainsi les caractéristiques (coefficient de marée, direction et vitesse du vent, hauteur des vagues) de la tempête approchant sur le littoral et permettra donc de prévoir 6 heures avant l'arrivée de l'évènement quelles en seront ses conséquences pour les habitants du littoral.

Grâce à cet outil, les maires, préfet et pompiers seront informés en amont de la survenance de l’aléa et pourront prendre les mesures nécessaires, comme l’évacuation des populations présentes sur les zones qui vont être touchées ou le comblement de brèches sur les digues en urgence, pour minimiser les dégâts humains suite à la submersion. Ce système d’alerte opérationnel permettra ainsi d’améliorer l’information des pouvoirs publics sur la situation et de prévenir la population au plus vite pour réduire la vulnérabilité des littoraux charentais-maritime face au risque de submersion.


o Les parties prenantes de la solution « Survey 17 »

Le projet « Survey 17 » a été soutenu par les collectivités territoriales de Charente-Maritime (communes, communautés d’agglomérations, département…). Des scientifiques et des ingénieurs doivent continuer de participer à l’amélioration constante de cet outil pour s’assurer que celui-ci fonctionne bien et qu’il soit à jour des évolutions et des connaissances météorologiques. La population pourrait également avoir accès à cet outil, pour l’instant réservé aux acteurs publics décisionnaires, pour disposer directement de l’information et pour favoriser une plus grande transparence sur les conséquences de cet aléa climatique.


o Etapes de mise en œuvre de l’application « Survey 17 »

Pour que cette application soit réellement utile et permette d’augmenter la résilience du territoire, les pouvoirs publics doivent s’en emparer. Une présentation précise de cet outil pourrait être réalisée ainsi qu’une formation des élus sur les mesures d’urgence à prendre une fois l’alerte submersion lancée via le site « Survey 17 ».

En cas de nouvelle submersion, l’application web devrait être mise à jour pour l’intégrer dans son système et en améliorer la performance. Des évaluations régulières devraient d’ailleurs être réalisées pour mesurer le caractère opérationnel de l’outil.

Sur le long-terme, il serait pertinent de développer cet outil pour tous les littoraux français, voire mondiaux, afin de permettre aux populations de se prémunir des conséquences des submersions marines et d’en limiter drastiquement les dégâts humains.



Pascaline VIAUD



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