top of page

Une métropole face au réchauffement : Montréal et la dé-minéralisation


Crédit Photo : CEUM


Comme le mentionne Louis Maquellier dans son article, les villes sont très touchées par l’augmentation des températures.

Dans un contexte de réchauffement climatique globale, les grandes villes sont particulièrement à risque du fait de leur minéralisation et de leurs inégalités sociales : population vieillissante, inégalités entre les quartiers et dans l’accès aux ressources, etc.




Montréal ne fait donc pas exception, d’autant plus que dans cette région du Canada, le climat continental humide connaît des périodes très chaudes en été. Plus spécifiquement, les étés des dernières années ont connu des vagues de chaleur et des canicules qui ont clairement démontré que le réchauffement est en cours : l’été 2020 a gagné +1,5 degrés par rapport à la période 1981-2010.


Métropole de 4 millions habitants, la ville de Montréal est très dense : 4 992 personnes / km2 . Si elle est connue pour ses nombreux parcs, ses accès à l’eau (Montréal est une île) et ses actions de verdissements (ruelles vertes, potagers urbains), elle n’en reste pas moins un territoire très bétonisé.

Mais ses facteurs de vulnérabilité sont aussi sociaux : bon nombre de personnes âgées vivent seules et/ou isolées (7,7% a 75 ans ou plus), certains arrondissements sont particulièrement denses, certains arrondissements ont plus d’espaces verts que d’autre comme le montre par exemple cette photo satellite prise à la frontière entre Ville Mont-Royal et Parc-Extension.


Photo prise sur Google maps - Vue satellite


Comme mentionné plus haut, la ville est connue pour être en avance sur les questions environnementales : ainsi, les acteurs sont nombreux dans le domaine du verdissement, de la neutralité carbone, de la biodiversité urbaine, de l’alimentation biologique urbaine et périurbaine, etc. Parmi ces derniers, le CEUM (Centre d’écologie urbaine) travaille sur ces sujets en mettant l’accent sur la participation citoyenne, les démarches participatives et bottom-up.


 

Parmi ses nombreux projets, le CEUM propose de dépaver les espaces. Pour se faire, un professionnel doit découper l’asphalte en carrés : les bénévoles peuvent ensuite transporter les carrés d’asphalte vers un conteneur loué pour la journée. Cette méthode novatrice de de-perméabilisation des sols a été mise en place par Depave Paradise. Elle permet avant tout de redonner aux sols leurs fonctions perméables : le cycle naturel de l’eau est alors mieux respecté puisque l’eau peut à nouveau s’infiltrer dans le sol puis s’évaporer quand il fait cheau (cela devient alors une source de rafraîchissement). Enfin, l’effet ilot de chaleur procuré par l’asphalte disparaît.


Dans toutes les activités de dé-perméabilisation, il faut des bras : l’aspect participatif prend alors tout son sens puisque les citoyens sont impliqués dans l’aménagement de leur territoire au sens le plus pratique du terme ! En effet, les démarches citoyennes et les actions bottom-up sont toujours plus efficaces quand ces derniers sont directement concernés.


De plus, le CEUM a publié une trousse à outils très complète pour mener une action de déminéralisation de A à Z : partenariat, recherche de financement, exercice de vision pour le futur aménagement du territoire, etc. jusque l’inauguration. On peut donc aussi parler d’une innovation sociale et organisationnelle qui s’inscrit plus largement dans les mouvements participatifs et les stratégies bottom-up étant de plus en plus utilisés en urbanisme, dans les projets associatifs, en recherche-action, etc.


Ces stratégies rejoignent l’idée générale de la restauration du cycle de l’eau : elles vont donc de paire avec la végétalisation des toits (qui deviennent à leur tour perméable aux précipitations) et les places de stationnements perméables.


 

Ces activités ont été permises par une impulsion nationale : au Québec, le plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques a mis en place un Fonds Vert qui participé au financement du projet. La ville de Montréal a elle aussi appuyé le financement de projets de déminéralisation puisque ces derniers permettent de poursuivre les objectifs du Plan de gestion de la forêt urbaine ainsi que le Plan Montréal durable 2016-2020 .

Par la suite, la technologie requise étant relativement simple, les partenariats peuvent se faire simplement entre entreprises et associations locales. À Montréal, c’est le CEUM qui offre un soutien financier, technique et stratégique auprès des écoles, des coopératives d’habitation, etc.

Mais les politiques publiques pourraient-t-elles y voir une occasion d’accélérer la transition écologique ? Pourrait-t-on, en France, imaginer d’inscrire ce type de projets dans les documents d’urbanisme ?

Enfin, même si ces innovations sont douces (pas de pollution sonore, numérique ou autre) et peu invasives, différents aspects doivent être étudiés avant d’approfondir les démarches : comment ces espaces dé-bétonnés peuvent-t-ils se conjuguer avec la nécessité de faire plus de pistes cyclables ? Qu’en serait-t-il de l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite ? Comment la biodiversité réagirait-t-elle ?


Une innovation enthousiasmante qui doit donc venir avec une réflexion globale !



Emilie Hainguerlot


bottom of page